Le Bleu et l’Étranger
Certaines histoires s’écrivent avec des mots, d’autres se dessinent à travers les ombres et les couleurs. Le Bleu et l’Étranger est une série de photographies
qui explore la mémoire de mes grands-parents, Juifs nés en Tunisie, que je n’ai jamais eu l’occasion de connaître.
Tunis. Une ville suspendue entre les échos d’un passé révolu et l’agitation du présent. Je m’y suis rendu à la recherche de fragments : un souffle de lumière,
un reflet perdu dans une ruelle qu’ils auraient pu arpenter. Sans carte ni certitudes, je me suis laissé guider par le bleu : cette teinte profonde qui semble vibrer entre ciel et mer Méditerranée.
Chaque photographie tente de combler une absence. Des murs érodés, des fenêtres closes qui murmurent des secrets oubliés. Le bleu, dans ses multiples nuances, se révèle à la fois promesse et frontière. Et moi, étranger, errant dans une terre à la fois intime et lointaine, je cherche les traces d’une histoire transmise
dans le silence.
J’ai suivi l’imaginaire, interprétant des empreintes possibles. Dans chaque détail, dans chaque éclat, j’ai voulu retrouver une part d’eux.
Le Bleu et l’Étranger explore les profondeurs méditerranéennes où se croisent les racines juives de mes grands-parents et les vestiges d’une histoire effacée.
C’est une quête, une dérive à travers des fragments d’histoire, un effort pour redonner une présence à ce qui a été englouti par l’oubli.
Ces photographies interrogent la mémoire collective et la place vacillante des communautés juives disparues dans le paysage méditerranéen. Elles scrutent
les absences et ce qui subsiste dans les interstices de l’identité. Chaque image tisse un lien entre lumière et l'identité, entre un passé et une histoire à réinventer.
A la recherche d'une mer donnant naissance à la mémoire disparue; un voilier brisant l'horizon, bleu diffus, peintre du soi. Étranger dans la lueur des vestiges
de sa propre identité.
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